Vous ne lirez rien là-dessus dans la section des sports de votre journal, mais un certain nombre de villes canadiennes participent à une importante course internationale qui touchera directement plus de 200 de nos collectivités.
Ces villes – entre autres Vancouver, Toronto, Montréal et Québec – sont au cœur d’une incroyable course contre d’autres villes du monde entier pour construire les édifices en bois les plus hauts.
Les résultats de cette course pour les entreprises et les travailleurs canadiens, ainsi que pour notre environnement, sont critiques.
À Vancouver, par exemple, une résidence d’étudiants de 18 étages est déjà en construction à l’Université de la Colombie-Britannique et sera bientôt l’un des plus hauts édifices en bois massif du monde. À Québec, la première pelletée de terre a eu lieu à la mi-juin pour la construction d’un complexe de condominiums de 13 étages, dont 12 en bois.
Cette tendance n’est pas un mystère. Les constructeurs ont toujours tenu les produits du bois en haute estime, car il est facilement disponible, économique, rapide et facile à utiliser, durable et, bien sûr, de belle apparence. Mais sa popularité a crû ces dernières années pour d’autres raisons.
D’abord, c’est un plus pour l’environnement. Les produits forestiers sont évidemment durables et les arbres agissent comme un aspirateur naturel, en ce sens qu’ils absorbent le carbone, ce qui réduit la quantité de gaz à effet de serre qui entraînent les changements climatiques. En fait, les arbres absorbent plus de carbone quand ils sont jeunes et en croissance et deviennent des émetteurs nets quand ils vieillissent. Par contre, si on les transforme en produits du bois, ils séquestrent le carbone.
Ensuite, l’innovation qui caractérise le secteur des produits forestiers a rendu le bois, toujours populaire auprès des consommateurs, encore plus attrayant pour les constructeurs.
L’une de ces innovations, le bois lamellé-croisé (ou CLT), est particulièrement importante dans cette tendance vers la construction d’édifices en hauteur en bois. Le CLT est un panneau de bois dont les multiples couches sont empilées perpendiculairement les unes aux autres puis collées à l’aide de presses hydraulique ou sous vide. Du point de vue du constructeur, le produit fini est un matériau qui est plus rapide et moins coûteux à utiliser, plus résistant, qu’on peut fabriquer à l’avance à l’extérieur du chantier (peu importe le temps qu’il fait) et qui est durable. De plus, comme les panneaux de CLT présentent le poids et la résistance de l’acier, ils résistent au feu et aux tremblements de terre, ce qui rend cette innovation supérieure aux produits concurrents dans bien des applications.
Ce n’est donc pas surprenant que des constructeurs et collectivités d’ailleurs commencent à s’éveiller aux nombreux avantages du bois.
À Londres, en Angleterre, on a proposé une tour en bois de 100 étages, une autre de 40 étages à Stockholm; de nouveaux exemples apparaissent en Australie, en Autriche, en Norvège et aux États-Unis, pour n’en nommer que quelques-uns.
Bien que la majorité des collectivités canadiennes n’aient pas encore adapté leur code du bâtiment pour permettre la construction de structures de bois de plus de quatre ou six étages, le bois gagne nettement du terrain.
Les changements apportés à la version 2015 du code du bâtiment du Canada, qui permettent d’utiliser des ossatures légères en bois et du bois massif jusqu’à six étages, ont été adaptés et adoptés par l’Ontario, le Québec et l’Alberta. La Colombie-Britannique avait été la première à inscrire une disposition semblable dans son code du bâtiment en 2009.
Pour ce qui est du bois massif, le Conseil canadien du bois a proposé des changements au code national du bâtiment concernant les édifices de 12 étages ou moins. C’est le Québec qui a pris l’initiative à cet égard en élaborant un code distinct pour ces types de bâtiments.
Le bois atteint donc de nouveaux sommets… pour les bonnes raisons.
Selon le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, les investissements fédéraux dans la R-D sur le bois mènent à des pratiques de construction plus propres et plus durables, tout en favorisant la création d’emplois dans le secteur forestier. Les idées entrepreneuriales innovatrices comme celles-là sont essentielles à notre lutte contre les changements climatiques.
Le Canada a pris un bon départ dans la course aux édifices en bois en hauteur. Dans l’intérêt de notre industrie des produits forestiers, des quelque 200 localités canadiennes qui en dépendent, de ses 237 000 employés et de notre environnement, souhaitons franchir le fil d’arrivée dès que possible.
Derek Nighbor, PDG
L'Association des produits forestiers du Canada (APFC)
Michael J. Giroux, président
Conseil canadien du bois
Pierre Lapointe, président et chef de la direction
FPInnovations