Nous demandons simplement de la transparence, une prise en compte claire de la réalité des régions rurales et nordiques canadiennes et notre juste part
Le secteur forestier canadien a été l'un des premiers à adopter des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans ses opérations à travers le pays.
Non seulement les produits à base de bois stockent le carbone et ont le pouvoir de remplacer les produits à plus forte intensité de combustibles fossiles, mais depuis le début des années 1990, l'innovation et les investissements du secteur forestier canadien ont permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de nos usines de près de 70 %.
Nous avons l'occasion d'en faire encore plus tout en créant des emplois qui font vivre des familles, en offrant plus de bois et de produits dérivés du bois au Canada et au monde ainsi qu’en atténuant le risque d'incendies catastrophiques qui émettent d’énormes quantités de dioxyde de carbone dans l'atmosphère et mettent en danger un nombre croissant de collectivités et de résidents dans les régions forestières.
Pour que nous puissions en faire plus, il faudra que les gouvernements fédéral et provinciaux s'engagent à faciliter les choses par le biais d’une réglementation judicieuse, de systèmes efficaces de tarification du carbone et de recyclage des recettes ainsi que de programmes accessibles d'incitation à l'innovation.
L'annonce faite hier par Environnement et Changement climatique Canada concernant le Fonds pour le produit du système de tarification en fonction de la production laisse le secteur forestier et ses travailleurs avec de sérieuses questions.
En août 2019, l'APFC conseillait Environnement et Changement climatique Canada sur les approches qui pourraient accélérer les projets de décarbonisation et les investissements connexes dans les usines canadiennes. Dans son mémoire, l'APFC recommandait deux options de programmes qui assureraient l'équité de l'application, régleraient les problèmes de compétitivité du Canada et garderaient les travailleurs du secteur forestier au travail :
1. Suivre le modèle allemand en créant un fonds spécifique à l'entreprise qui accumulerait les fonds de la taxe carbone pendant un maximum de 8 ans - permettant à l'entreprise qui paie ces taxes d'accéder à ses propres fonds pour de futurs investissements liés à la décarbonisation; ou
2. Mettre en place un fonds sectoriel permettant à l'industrie de récupérer les fonds versés et de les réinvestir dans les activités manufacturières du secteur.
« L'annonce d'hier comporte un certain nombre de signaux d'alarme pour nous », a déclaré Derek Nighbor, président et chef de la direction de l'APFC. « En vertu de ce plan, je m'inquiète pour plusieurs de nos installations, surtout dans les régions rurales et nordiques du Canada, qui sont confrontées à des températures très froides, qui se trouvent à de longues distances de leurs clients et qui ont de la difficulté à obtenir un combustible à faible teneur en carbone en raison de leur emplacement. Il serait dévastateur et absolument injuste de les voir payer des millions de dollars en taxes sur le carbone et ne pas recevoir en retour ne serait-ce qu'une partie des fonds qu'elles ont versés », a-t-il ajouté.
En 2020, le secteur forestier canadien a payé 83 millions de dollars en taxes sur le carbone au pays en plus de 80 millions de dollars en coûts indirects liés au carbone. Ce sont des dépenses que nos concurrents américains n'ont pas dans leurs livres.
« Nous, les forestiers, soutenons depuis longtemps un système de tarification du carbone qui fait progresser l'action climatique, renforce la compétitivité canadienne et nous aide à attirer des investissements et à créer des emplois bien rémunérés », a déclaré M. Nighbor. « L'annonce très attendue d'hier est tombée à plat pour nous. Nous demandons simplement de la transparence, une prise en compte claire de la réalité des régions rurales et nordiques du Canada et notre juste part. Nous ne pouvons pas nous permettre de voir notre secteur et ses travailleurs laissés pour compte. »
L'APFC offre une voix, au Canada et à l’étranger, aux producteurs canadiens de bois, de pâte, de papier et de bioproduits dérivés du bois pour les questions touchant le gouvernement, le commerce et l’environnement. Le secteur canadien des produits forestiers, dont les revenus annuels dépassent 75 milliards de dollars, est l'un des plus importants employeurs du pays. Il est présent dans plus de 600 localités et fournit 225 000 emplois directs et plus de 600 000 emplois indirects d’un océan à l’autre.