Les chaînes d’approvisionnement de marchandises seront favorables ou défavorables à l’ordre du jour de croissance du Canada
Le secteur forestier du Canada est un élément vital de l’économie nationale, employant plus de 200 000 personnes et générant 87 milliards de dollars en production annuelle. En 2024, le secteur a apporté 21 milliards de dollars au PIB du Canada et exporté 37 milliards de dollars de produits, étant ainsi la quatrième industrie d’exportation du pays.
La réussite du secteur dépend de chaînes d’approvisionnement efficaces, fiables et rentables—principalement le transport routier, ferroviaire et maritime—pour acheminer les produits depuis les scieries éloignées vers les marchés nationaux et internationaux. Ces dernières années, en particulier depuis la pandémie de COVID-19, ont mis en lumière la fragilité de ces chaînes d’approvisionnement, les goulots d’étranglement, les pénuries de main-d’œuvre, les investissements limités, les chocs climatiques et les interruptions de travail fréquentes nuisant à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable.
Le document identifie trois défis systémiques fondamentaux qui nuisent à la performance de la chaîne d’approvisionnement :
1. Concurrence: Le marché canadien du transport ferroviaire de marchandises est dominé par deux transporteurs (le CN et le CPKC), ce qui rend la plupart des expéditeurs du secteur forestier dépendants d’un seul chemin de fer. Ce manque de concurrence se traduit par des tarifs élevés, des contrats restrictifs, un mauvais service et des recours limités pour les expéditeurs. L’augmentation des tarifs excède souvent le taux d’inflation, sans amélioration correspondante du service ou de l’efficacité.
2. L'Infrastructure: L’infrastructure favorable au commerce canadienne—chemins de fer, autoroutes, terminaux et ports—n’a pas suivi l’évolution de la demande et n’est pas adaptée aux nouveaux défis. La congestion chronique, le vieillissement de l’infrastructure, le manque de redondance et les chocs climatiques mettent en lumière la fragilité du système. Le Canada occupe la dernière place du G7 quant à la performance de l’infrastructure et de la logistique, ce qui nuit à la diversification des marchés et aux investissements.
3. Stabilité de la main-d'œuvre: Les arrêts de travail persistants chez les chemins de fer et aux ports ont nui aux chaînes d’approvisionnement pendant 14 des 15 dernières années. Le secteur forestier est particulièrement vulnérable en raison de sa capacité de stockage limitée et du manque d’alternatives de transport. Les conflits peuvent coûter des millions de dollars par semaine aux fabricants et nuire à la réputation de fiabilité du Canada, qui risque ainsi de perdre définitivement des clients à l’étranger.
Jusqu’à présent, les solutions politiques et réglementaires à ces problèmes ont été insuffisantes pour surmonter l’inertie liée à la défaillance et à la dégradation du système. Si cette tendance se maintient, le gouvernement laissera passer une occasion remarquable de rebâtir et de relancer le moteur économique du Canada en permettant aux secteurs générateurs de valeur, comme la foresterie, d’atteindre des marchés nouveaux et existants.
Comment le gouvernement fédéral peut améliorer la performance du transport de marchandises et rétablir la compétitivité commerciale
Conformément au mandat du premier ministre Carney, qui vise à stimuler la productivité économique, à attirer les investissements privés et à diversifier le commerce, l’APFC recommande que les mesures suivantes soient prises :
Améliorer la concurrence
- Renforcer la surveillance réglementaire: Modifier la Loi sur les transports au Canada pour permettre à l’Office des transports du Canada (OTC) d’enquêter de manière proactive sur les tarifs déraisonnables et les problèmes liés au service ferroviaire.
- Mettre un terme aux pratiques contractuelles abusives : Rendre nuls et non avenus les libellés de contrats qui limitent la capacité d’un expéditeur de faire un recours législatif.
- Interdire la récupération excessive des coûts de carburant : Interdire les suppléments sur le carburant qui excèdent les coûts réels et permettre aux expéditeurs de contester ces tarifs.
- Améliorer la transparence et les données: Exiger des rapports et des analyses normalisés sur la performance des chemins de fer.
Moderniser l’infrastructure
- Encourager les investissements privés: Utiliser des incitatifs fiscaux et simplifier l’autorisation des projets qui améliorent l’efficacité et la résilience de la chaîne d’approvisionnement.
- Adopter une approche axée sur la performance : Traiter en priorité les projets d’infrastructure qui éliminent les goulots d’étranglement et améliorent l’efficacité du système.
- Regrouper les investissements stratégiques: Soutenir les investissements plus modestes visant à améliorer la connectivité du premier et du dernier kilomètre et la redondance du système (p. ex technologies de données, terminaux intérieurs, entreposage).
Améliorer la stabilité de la main-d’œuvre
- Moderniser le mécanisme de règlement des conflits : Exécuter les recommandations de la Commission d’enquête sur la médiation spéciale et les processus transparents et rapides pour régler les conflits dans le secteur des transports.
- Donner au cabinet le pouvoir d’intervenir rapidement : Établir des mécanismes d’arbitrage exécutoire si les négociations échouent.
- Équilibrer la productivité et l’emploi : Élaborer des stratégies visant à faciliter les investissements qui améliorent la productivité, tout en répondant aux préoccupations des travailleurs quant à l’automatisation.
Conclusion
Le secteur forestier du Canada peut stimuler une croissance économique durable, mais il doit pour cela former un partenariat avec le gouvernement afin d’assurer des liens de transport de calibre mondial. En utilisant ces leviers politiques, les dirigeants fédéraux peuvent assurer un système de transport robuste qui soutient les emplois, la diversification des marchés et la réputation mondiale du Canada.
Pour plus d'informations, veuillez contacter Ben McArthur, directeur des politiques, APFC (bmcarthur@fpac.ca).