Résumé
Le Canada abrite 9 % des forêts du monde. Le secteur des produits forestiers joue un rôle important dans l’économie canadienne et emploie directement plus de 184 000 Canadiens.
Le secteur des produits forestiers a également un rôle essentiel à jouer dans la transition vers une économie à faible émission de carbone. Les forêts sont de puissants moteurs de séquestration du carbone : au fur et à mesure de leur croissance, les arbres absorbent des volumes importants de carbone. Lorsque les arbres sont récoltés, le carbone est piégé dans le bois à long terme. Les produits du bois à longue durée de vie, tels que les matériaux de construction, maintiennent le carbone hors de l’atmosphère pendant des décennies, voire des siècles. Le recyclage ou la réutilisation des produits forestiers peuvent prolonger la durée de stockage du carbone.
Si l’on examine les émissions directes de carbone du secteur des produits forestiers par rapport aux émissions indirectes de la chaîne de valeur des produits forestiers, on constate que moins de 10 % des émissions totales de la chaîne de valeur relèvent du contrôle direct du secteur. La plupart des émissions proviennent soit en amont des perturbations forestières telles que les feux de forêt, soit en aval de l’élimination des produits en fin de vie. Bien que le secteur des produits forestiers se concentre sur les émissions et les éliminations de carbone relevant de son contrôle direct, le secteur est convaincu que des réductions d’émissions importantes peuvent être réalisées dans la chaîne de valeur grâce à la collaboration et au partenariat.
Exploiter le potentiel d’atténuation des changements climatiques de la foresterie intelligente face au climat
La foresterie intelligente face au climat se compose de trois éléments principaux :
-Accroître le stockage du carbone dans les forêts et les produits forestiers, en association avec d’autres services écosystémiques, tels que la protection de la biodiversité et de la qualité de l’eau. La promotion des efforts mondiaux de reboisement et la prévention de la déforestation sont au coeur de cette pratique. Au Canada, les mandats légaux de régénération des zones exploitées et les engagements fédéraux de planter deux milliards d’arbres sont des étapes importantes pour y parvenir. D’autres mesures, telles que la recherche sur les variétés d’arbres et les lieux de plantation optimaux, ainsi que l’entretien efficace des semis, sont également nécessaires.
- Utiliser des ressources en bois comme substitut durable aux matériaux non renouvelables à forte intensité de carbone. Les produits forestiers stockent le carbone pendant leur utilisation à long terme et, dans certains cas, après leur élimination. Ils peuvent également remplacer des matériaux à plus forte intensité d’émissions. L’acier et le béton produisent beaucoup d’émissions de carbone. Ce n’est pas le cas du bois. Le Canada a besoin d’une stratégie nationale pour augmenter le nombre et la variabilité des projets de construction en bois massif. Nous avons constaté des exemples de construction en bois massif non seulement dans de grands bâtiments, mais aussi dans des projets d’infrastructure, tels que des ponts. Pour accroître l’utilisation des techniques de construction en bois massif, le secteur devra avoir accès à des quantités appropriées de fibres de bois et développer systématiquement son expertise en matière de construction en bois à grande échelle. Une stratégie canadienne efficace devrait intégrer les questions de main-d’oeuvre.
- Améliorer la santé et la résilience des forêts grâce à un aménagement forestier adapté aux changements climatiques, c’est-à-dire en réduisant la vulnérabilité aux perturbations naturelles.Il peut s’agir de promouvoir la diversité des espèces et de planifier l’aménagement forestier en fonction des risques de perturbations naturelles. Dans les forêts où les taux de perturbation naturelle sont faibles, les arbres peuvent continuer à séquestrer et à stocker le carbone pendant longtemps. Pour réduire le risque que ce carbone soit libéré par des perturbations naturelles, certaines zones devront être récoltées. Dans d’autres cas, la restauration des processus de perturbation naturelle, par exemple par le brûlage dirigé, permettra de réduire la vulnérabilité des forêts aux feux et aux infestations d’insectes.
Une feuille de route vers la carboneutralité pour le secteur forestier canadien
Il existe de nombreuses possibilités de réduire les émissions au sein du secteur des produits forestiers (par exemple, les émissions de portée 1 et de portée 210), ainsi que dans l’ensemble de la chaîne de valeur des produits forestiers. Il existe également d’importantes possibilités de renforcer la résilience et la capacité de séquestration du carbone de nos forêts.
Le secteur des produits forestiers et ses partenaires disposent de trois voies principales de réduction des émissions, qui sont décrites en détail ci-dessous. Ces voies comprennent la définition d’objectifs futurs de réduction des émissions et l’identification des actions qui auront le plus grand impact.
1. Réduire les émissions opérationnelles dans le secteur des produits forestiers.
Si l’on considère l’ensemble du cycle de vie, les émissions de carbone provenant des activités forestières sont relativement faibles. Il est néanmoins important que le secteur montre l’exemple et rende ces opérations aussi efficaces que possible sur le plan du carbone et de l’économie. Les principales activités génératrices d’émissions que le secteur peut directement contrôler et dont il est responsable sont celles liées aux opérations d’exploitation et de renouvellement des forêts, au transport et à la fabrication. La transformation du bois en matériaux utilisables est énergivore. C’est particulièrement vrai pour la pâte et le papier. Malgré ces défis, le Canada a déjà réduit ses émissions provenant des opérations de pâte et de papier de 55 % par rapport à 1990, principalement en diminuant la consommation de carburant et en passant à des carburants alternatifs tels que la biomasse.
2. Augmenter le carbone stocké dans les produits forestiers et remplacer les matériaux énergivores par des produits forestiers.
Construire, c’est faire des choix. La réorientation de la production vers davantage de produits du bois est une stratégie efficace d’atténuation des changements climatiques. Les produits forestiers, en particulier ceux qui ont une longue durée de vie comme ceux utilisés dans la construction, peuvent stocker le carbone pendant des années, des décennies, voire des siècles. En outre, les mandats de régénération des forêts signifient qu’à mesure que le bois est récolté pour les produits du bois et que les arbres abattus sont remplacés par des semis, des quantités importantes de carbone supplémentaires seront éliminées de l’atmosphère.
En outre, l’amélioration de la récupération, du recyclage et de la réutilisation des produits forestiers peut prolonger la durée de stockage du carbone dans les produits. Cela permet également de détourner ces produits des décharges, où le méthane (un gaz à effet de serre 30 fois plus puissant que le dioxyde de carbone) est libéré au fur et à mesure que les produits se décomposent.
Enfin, le remplacement de matériaux à plus forte intensité d’émissions par des produits forestiers et le développement de la bioéconomie peuvent contribuer à la décarbonisation d’autres secteurs. Le processus de transformation du bois en une forme utile à la construction émet relativement peu d’émissions de carbone, surtout si on le compare à des matériaux tels que l’acier et le béton. Les produits forestiers sont également extrêmement utiles pour la rénovation des bâtiments. Une étude a estimé que le remplacement des matériaux de construction conventionnels par du bois dans la moitié des nouvelles constructions urbaines dans le monde pourrait représenter près d’un dixième des réductions d’émissions mondiales nécessaires pour atteindre les objectifs fixés pour 203013. Le remplacement des combustibles fossiles tels que le charbon et le gaz naturel par la biomasse pourrait également avoir un impact considérable.
3. Accroître la résilience et la séquestration du carbone.
Le maintien de la vitalité et de la croissance des forêts est essentiel à la santé de l’économie et de l’environnement du Canada, ainsi qu’à notre capacité à atténuer les changements climatiques. Le Canada peut adopter un certain nombre de pratiques et d’activités qui renforceront la capacité de nos forêts à séquestrer le carbone et la résilience aux changements climatiques :
- Le renforcement de la résilience des forêts grâce à des pratiques de foresterie intelligente face au climat
- L’accroissement de la superficie forestière par le boisement
Conclusion
Le secteur des produits forestiers est particulièrement bien placé pour apporter une contribution importante aux objectifs de carboneutralité du Canada.
L’APFC estime qu’avec l’adoption rapide de nouvelles technologies, des investissements appropriés et de nouvelles politiques, le secteur des produits forestiers pourrait contribuer à réduire les émissions de 18 à 46 millions de tonnes de CO2e par an (par rapport aux émissions actuelles) d’ici 2050. En outre, les pratiques de foresterie intelligente face au climat rendront nos forêts plus résilientes et nous aideront à atténuer les changements climatiques. Bien que le secteur soit bien placé pour prendre l’initiative dans plusieurs domaines, une collaboration sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la forêt à l’élimination des produits, ainsi qu’avec de nombreux autres secteurs, sera essentielle au succès.
La réduction des émissions liées à la forêt est difficile, mais essentielle. Le secteur des produits forestiers est prêt à relever le défi. Il prend déjà des mesures actives pour réduire ses propres émissions. Il est également prêt et disposé à collaborer avec d’autres parties pour réduire les émissions qui échappent à son contrôle direct. La feuille de route décrite ci-dessus contribuera grandement à la réalisation des objectifs du secteur en matière de réduction des émissions de carbone. Les forêts du Canada peuvent continuer à servir de première ligne de défense contre les changements climatiques et constituer la base d’un avenir plus durable pour tous.